Le hockey est un sport qui fait vivre de nombreuses émotions à ses
participantes et participants et leur sert d’importantes leçons de vie.
À titre d’entraîneuse-chef, Véronique Lefebvre veille à ce que tous ses
joueurs puissent apprendre de leurs expériences, peu importe le résultat
des matchs.
Voyant que le club des Sieurs de Matane détenait une nette avance sur son
équipe, les Draveurs de Mont-Laurier, avec seulement quelques minutes à
faire dans leur rencontre en quart de finale de la Coupe Dodge, Véronique
s’est dressée sur le banc des joueurs afin de livrer un important message à
sa formation M13 BB.
« Ce que j’ai dit à mon équipe, c’est qu’on s’est rendus loin, qu’il
restait trois minutes [à jouer], et qu’ils devaient s’amuser! »,
explique-t-elle lors d’un entretien téléphonique. « Il fallait jouer au
hockey et sortir avec la tête haute. Nous avons eu une belle saison, nous
nous sommes rendus loin, et il fallait en profiter. »
Au son de la dernière sirène, l’incroyable parcours des Draveurs a pris fin
avec un revers de 6-2 contre les Sieurs.
Pour les jeunes de 13 ans et moins, c’était un véritable cauchemar. Pour
Véronique, c’était l’occasion parfaite de leur rappeler tous les exploits
qu’ils avaient réalisés pour se rendre jusque-là.
« Je ne te cache pas que certains avaient les larmes aux yeux »,
souligne-t-elle. « Mais j’essaie toujours de ramener ça sur le positif.
Oui, on a commis des erreurs, mais ce n’est pas grave. On va retravailler
ces aspects pour ensuite aller plus loin. »
L’attitude de fonceuse de Véronique ne date pas d’hier. Elle baigne dans le
hockey depuis qu’elle est toute petite, ayant elle-même déjà évolué au
niveau collégial, avec les Cheminots de Saint-Jérôme, en plus de jouer pour
l’Avalanche du Québec, dans la défunte Ligue nationale de hockey féminin.
« Je joue au hockey depuis que je suis toute petite. Mes enfants ont
maintenant 13 et 14 ans, et je les ai toujours accompagnés depuis leurs
débuts dans le novice », mentionne-t-elle. « À un moment donné, j’étais
assise dans les estrades et je me disais que j’aimerais ça aller derrière
le banc, vivre cette expérience-là. Je connais mon hockey et j’aimerais ça
pouvoir le faire vivre aux autres. »
C’est ainsi que Véronique a fait ses débuts comme entraîneuse au hockey, il
y a maintenant deux ans. Elle a d’abord pris place derrière le banc de
l’équipe M13 AA de son fils aîné, avant d’effectuer un retour cette saison,
cette fois comme entraîneuse-chef de l’équipe M13 BB de son plus jeune.
« [Mon garçon] me l’a demandé, mais j’avais un intérêt aussi », admet-elle.
« Je me suis dit que tant qu’à être assise dans les estrades, de voir des
choses et d’avoir le goût de les partager, aussi bien participer autrement!
»
« Ici [à Mont-Laurier], nous n’avons pas de hockey féminin. Mais peu
importe, je me dis que je peux quand même amener mes connaissances. Alors
pourquoi pas? »
Ce qui allait suivre est une saison de rêve pour l’entraîneuse et les
jeunes Draveurs.
Après avoir terminé le calendrier de la saison régulière avec une fiche de
16-2-2, ils ont remporté les championnats régionaux ensemble, avant de
participer aux championnats provinciaux.
Cependant, ce ne sont pas les résultats des Draveurs qui ont retenu
l’attention une fois rendus à la Coupe Dodge. C’est plutôt la présence de
Véronique derrière le banc qui a fait couler de l’encre.
« Je crois que j’étais la seule femme derrière un banc au niveau M13 cette
année. Je dois t’avouer que, depuis notre retour de la Coupe Dodge, j’ai
donné quand même plusieurs entrevues. Les gens sont surpris de voir qu’une
fille peut coacher du masculin! »
« On entend souvent dire que les entraîneurs doivent être des hommes au
hockey masculin, mais ce n’est pas nécessairement le cas, nous avons notre
place nous aussi », ajoute-t-elle d’un ton ferme.
Toutefois, ce n’est pas seulement à titre d’entraîneuse que Véronique donne
de son temps aux jeunes. Elle agit également à titre de registraire pour
l’Association du hockey mineur de Mont-Laurier/Ferme-Neuve.
En plus d’être une véritable mordue de hockey, celle qui jouait autrefois à
l’aile gauche n’a pas à regarder bien loin lorsque vient le temps de
trouver des modèles à suivre dans le monde du bénévolat.
« Mes parents, ils en ont fait du bénévolat, tant que mon frère et moi
étions dans le hockey. C’est ce qui nous a permis de pousser, de jouer »,
admet-elle. « Je me dis que maintenant, en tant que parent, en faisant du
bénévolat de mon côté, c’est ce qui permet à plusieurs autres jeunes de
pratiquer leur sport. Des bénévoles, on en manque, on en cherche et on en a
toujours besoin. Si on ne s’implique pas en tant que parents, c’est plate à
dire, mais un jour, nos enfants ne pourront plus pratiquer le sport qu’ils
aiment. »
Celle qui est éducatrice spécialisée à l’école primaire dans la vie de tous
les jours reconnaît que sa familiarité avec les jeunes d’aujourd’hui l’aide
grandement dans le monde de l’entraînement. C’est d’ailleurs en conciliant
son expérience de joueuse et son expérience professionnelle qu’elle
parvient à mieux comprendre les joueurs de son équipe.
« Je suis habituée à côtoyer des jeunes. Mais au hockey, c’est très
différent. Chaque jeune a sa propre façon d’interagir, chaque jeune va
vivre ses émotions différemment et, au travers de tout ça, il faut
apprendre à les aider, à les gérer. Chaque jeune a sa façon de faire, donc
on s’adapte pour les aider à passer à travers ».
À voir les résultats obtenus par sa formation ainsi que la grande vague
d’amour que les Draveurs ont démontré envers leur entraîneuse, force est
d’admettre que Véronique parvient déjà à fournir à ses jeunes apprentis les
outils nécessaires pour connaître du succès dans le sport, mais également
dans la vie en général.
« Mon but cette année, c’était de m’amuser avec les joueurs. Pour que les
joueurs aiment jouer au hockey, je voulais qu’ils aient du plaisir à chaque
séance d’entraînement, à chaque match, et qu’ils trouvent ça amusant »,
dit-elle au sujet de son approche.
« Je ne voulais pas qu’ils trouvent ça plate et qu’ils se mettent à dire
que l’entraîneuse est comme ci ou comme ça, ou qu’elle leur fait faire ces
trucs-ci ou ces trucs-là. Nous avions tout le temps du plaisir, et je pense
que c’est ce qui a poussé notre équipe à aller plus loin. »
Bien que le travail accompli avec les Draveurs cette saison soit une réelle
source de fierté, Véronique serait encore plus fière de voir davantage de
femmes suivre ses traces. Selon elle, il est grand temps que les femmes qui
agissent à titre d’entraîneuses dans les ligues masculines deviennent une
norme plutôt qu’une exception.
« J’espère juste qu’il y aura d’autres femmes. Celles qui ont un petit
intérêt pour le hockey et qui se disent qu’elles aimeraient ça devenir
entraîneuses elles aussi, ça va peut-être les aider à se lancer, à se dire
qu’elles aussi sont capables, et à l’essayer », avoue-t-elle.
« Il n’y aura jamais de bénévole parfait. On essaie d’être les meilleurs,
d’être à notre maximum. Mais je crois que juste être capable de donner de
son temps, de s’investir et d’être à l’écoute, c’est ce qui fait qu’on peut
être un bon bénévole et qu’on peut aider dans une association [de hockey
mineur] comme la nôtre. »
Ce sont des paroles de la sorte qui prouvent que le hockey peut bel et
bien, encore aujourd’hui, procurer d’importantes leçons de vie à ses
participantes et participants.
Avec les informations recueillies par Sylvain Turcotte et Hockey Québec.