Dernièrement, Keyanna Lea accumule les victoires, tant sur la glace que
derrière le banc.
En avril dernier, la joueuse de 21 ans de la Première Nation de Berens
River a remporté le championnat de la Ligue de hockey féminin junior du
Manitoba (MWJHL) avec le Prairie Blaze et a été nommée Joueuse par
excellence des séries après avoir obtenu 13 points (7 buts et 6 mentions
d’aide) en 8 matchs.
Un mois plus tard, elle était entraîneuse adjointe pour Équipe Manitoba,
qui a remporté la médaille d’or à l’édition 2022 du Championnat national
autochtone de hockey (NAHC), disputé à Membertou, en Nouvelle-Écosse.
C’était sa première expérience derrière le banc de l’équipe provinciale
après avoir conquis l’or en tant que joueuse en 2017 et 2018.
« J’avais une perspective tout autre, affirme Lea. C’était surréel de
revivre cette expérience. La dernière fois que j’ai participé (en 2018),
c’était comme joueuse et nous avions gagné l’or. Ce fut une transition
difficile : c’était stressant, et je ressentais la même chose que les
filles, mais en tant qu’entraîneuse, on ne veut pas trop laisser paraître
ses émotions. Être derrière le banc, c’est une véritable leçon d’humilité.
C’était surtout difficile lors du match pour la médaille d’or, car je
voulais vraiment contribuer sur la glace, mais les filles m’ont facilité le
travail en exécutant ce que leur demandait le personnel d’entraîneurs. »
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’aventure de Lea au hockey a été
fascinante.
Après avoir joué pour l’équipe préparatoire de Balmoral Hall lors de leur
onzième année, en 2016-2017, Keyanna et sa sœur jumelle, Keyara, ont été
approchées pour se joindre aux Shamrocks de Boston, dans la Ligue de hockey
féminin junior (JWHL), celle où évolue Balmoral Hall. Keyanna a connu une
bonne saison 2017-2018 pour Boston, marquant 11 buts et 4 mentions d’aide
en 22 matchs.
Après avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires en 2018-2019, les
sœurs ont failli s’engager à jouer pour l’Université du Manitoba, mais ont
plutôt opté pour un retour à la JHWL, cette fois sous les couleurs du New
England Hockey Club.
La saison suivante, elles sont revenues à Winnipeg, où Keyanna a accepté un
emploi comme travailleuse de soutien à Shawenim Abinoojii, un organisme à
but non lucratif de Riverton, au Manitoba, qui œuvre auprès d’enfants et de
familles des Premières Nations.
Lea prévoit jouer une année de plus avec le Blaze, mais elle sait que ses
jours de joueuse de l’élite sont comptés – d’où la transition vers
l’entraînement.
« Après mon expérience derrière le banc au NAHC, j’ai réalisé que j’y avais
ma place. J’adorerais pouvoir poursuivre mon parcours d’entraîneuse,
affirme-t-elle. Mon emploi me donne la flexibilité pour le faire. »
Lea donne tout le mérite à Dale Bear, l’entraîneur-chef au Blaze et pilote
de longue date d’Équipe Manitoba au NAHC. Celui-ci l’a non seulement
encouragée à devenir entraîneuse, mais il a aussi eu une incidence énorme
sur sa carrière de hockeyeuse, sur la glace et ailleurs.
Comme Lea avait déjà aidé Bear lors des essais pour Équipe Manitoba en tant
qu’instructrice sur glace et entraîneuse de banc, elle n’a pas hésité
longtemps avant d’accepter son offre d’être son entraîneuse adjointe.
« Depuis pratiquement le jour 1, j’ai admiré Dale, car il me permettait
d’être la joueuse que je voulais être. Il m’écoutait et me faisait des
critiques constructives. Il me donnait des commentaires dont j’avais
besoin, tant comme joueuse que comme personne. Je me suis toujours sentie
près de lui, et il a toujours été là pour moi. C’est dur pour moi de le
voir simplement comme un entraîneur, car il a tant fait pour moi, dans le
hockey et dans ma vie personnelle. Grâce à lui, j’ai atteint mon plein
potentiel. »
Bear a toujours vu que Lea avait des qualités de meneuse; c’est d’ailleurs
l’une des raisons pour lesquelles il l’a incitée à passer derrière le banc
cette saison.
« Keyanna me disait toujours qu’elle voulait donner en retour. Je lui ai
donc parlé de l’entraînement, et elle a sauté sur l’occasion. Quand elle
joue, elle démontre un grand leadership, le type de leadership que nous
recherchons chez les entraîneurs de notre programme. Elle est très
concentrée, mais surtout, elle a un grand cœur et sait exactement ce qui se
passe dans la tête des jeunes joueuses. Pour les filles et moi, c’est un
énorme avantage de l’avoir derrière le banc. »
Lea a déjà sa certification Entraîneur 1 du Programme national de
certification des entraîneurs et prévoit obtenir sa certification
Entraîneur 2 la saison prochaine. Récemment, on lui a offert d’entraîner
une équipe de M9 à Riverton l’an prochain.
« J’adorerais retourner à la maison et offrir à ces enfants une expérience
similaire à celle que j’ai eue, confie-t-elle. Le hockey m’a amenée un peu
partout, alors j’irai partout où ma carrière d’entraîneuse me mène – dans
la région d’Interlake, ailleurs au Manitoba, peu importe. »
C’est peut-être cliché de dire que Lea a bouclé la boucle quant au hockey,
mais c’est la vérité. Elle se prépare maintenant au prochain chapitre de sa
carrière au hockey et veut redonner à sa communauté.
« Keyanna est très fière de ses origines autochtones, travaille fort et a
une excellente attitude, résume Bear. Ce sont ces qualités que nous voulons
inculquer chez nos jeunes athlètes autochtones. La plupart du temps, les
joueurs autochtones se sentent écartés ou sont intimidés à l’idée de
participer à des essais et à des camps. Mais s’il y a davantage
d’entraîneurs autochtones, ces jeunes seront plus nombreux à faire partie
d’équipes et de ligues qui manquent de diversité. »