C’est difficile d’estimer la valeur de l’expérience, mais deux joueurs de
l’équipe nationale junior du Canada espèrent démontrer que la leur vaut son
pesant d’or.
Cole Perfetti et Owen Power sont arrivés au Championnat mondial junior 2022
de l’IIHF avec un bagage d’expérience unique et inspirant, qui pourrait les
motiver dans leur quête d’une seconde médaille d’or en moins d’un an.
Au printemps dernier, ces deux jeunes hommes ont contribué à la victoire
d’Équipe Canada au Championnat mondial 2021 de l’IIHF – un tournoi haut en
couleur pour le Canada, non seulement en raison de la médaille d’or
remportée, mais aussi à cause du parcours qui y a mené.
« On aurait facilement pu paniquer, explique Power, un défenseur de 6 pi 6
po qui porte les couleurs de l’Université du Michigan. Mais on n’a jamais
cessé de faire confiance au processus. On est restés patients et on avait
confiance qu’on jouait du bon hockey. »
Cependant, après trois défaites d’affilée – une contre la Lettonie, le pays
hôte, une contre l’Allemagne, et une cuisante défaite de 5 à 1 contre les
États-Unis –, les Canadiens donnaient l’impression d’être dans les cordes.
Toutefois, ils ont su renverser la vapeur et parvenir à remporter le
tournoi de manière mémorable.
Équipe Canada a brillé au cours des quatre derniers matchs de la ronde
préliminaire, affichant trois victoires et une seule défaite – en tirs de
barrage contre la Finlande –, se frayant ainsi un chemin jusqu’en ronde
éliminatoire.
Ce retournement annonçait les grandes choses à venir : une victoire en
prolongation contre les Russes en quart de finale et des victoires revanche
contre les Américains en demi-finale et contre les Finlandais en finale, à
nouveau en prolongation.
Cette médaille d’or, la 27e du Canada, marquait la première fois
qu’une équipe remportait un Mondial tout en ayant quatre défaites à sa
fiche.
« Il y a beaucoup de leçons à tirer de ce tournoi, indique Perfetti, un
avant qui joue pour le Moose du Manitoba dans la Ligue américaine de
hockey. Tout le monde doutait de nous et pensait que c’en était fini pour
nous. Mais on a fait preuve de résilience. On a vu qu’il nous restait une
chance et on l’a saisie. »
Perfetti et Power croient que les deux volets de cette aventure – les
débuts difficiles et la grande victoire – sont gratifiants et leur ont
inculqué, par l’expérience, l’importance de la persévérance et, surtout, ce
que ça prend pour gagner.
« On peut apprendre beaucoup d’une victoire, estime Perfetti, choix de
première ronde des Jets de Winnipeg en 2020. Évidemment, il y a le
sentiment que ça procure. Ça, on ne s’en lasse pas. Être champion mondial
et remporter l’or pour mon pays, c’était la meilleure sensation de ma vie.
»
Étant l’un des trois joueurs de retour pour Équipe Canada au Mondial
junior, le jeune homme de 19 ans (qui soufflera ses 20 bougies le jour de
l’An) croit que l’expérience qu’il a partagée avec Power au Championnat
mondial de l’IIHF est un atout pour ce deuxième tour de piste chez les
moins de 20 ans.
« Cette médaille d’or m’a appris beaucoup de choses qui s’appliquent ici »,
soutient-il.
D’autant plus qu’Équipe Canada dispute ses matchs à Edmonton pour une
deuxième année de suite.
« Il y a un certain confort à retrouver la même expérience et la même
routine que l’an dernier », ajoute celui qui a marqué deux fois et produit
six points en sept matchs il y a un an.
Pour Power, lui aussi âgé de 19 ans, se tailler une place dans l’équipe
nationale junior du Canada est « un rêve devenu réalité »; c’est aussi la
principale raison pour laquelle le premier choix au repêchage 2021 de la
LNH a choisi de prolonger sa carrière universitaire à l’automne plutôt que
d’enfiler l’uniforme des Sabres de Buffalo.
« Je n’ai pas chômé et j’ai eu beaucoup de plaisir, raconte le hockeyeur de
Mississauga. Et ça a été très bénéfique de jouer pour plusieurs équipes
dans plusieurs tournois. »
Après tout, l’environnement au Championnat mondial de l’IIHF était très
positif à bien des égards, et le duo sait comment recréer cette atmosphère
au sein de l’équipe déléguée au Mondial junior, qui est à la recherche
d’une deuxième médaille d’or en trois ans et d’une troisième en cinq ans.
Ce sentiment est encore plus tangible pour Perfetti, qui espère tirer parti
de son expérience aux Mondiaux junior et senior.
Ce capitaine adjoint qui a fait ses classes à Whitby, en Ontario, est
inspiré par la performance et le leadership de son coéquipier de l’année
dernière, Dylan Cozens.
Cozens, qui était alors un joueur de deuxième année, était cocapitaine de
l’équipe canadienne junior. Affectueusement surnommé The Workhorse from Whitehorse (« le cheval de trait de Whitehorse
») dans le monde du hockey, celui qui est aujourd’hui joueur recrue pour
les Sabres de Buffalo était virtuellement inarrêtable l’année dernière.
Il a brillé avec 8 buts et 16 points en sept matchs, aidant ainsi son
équipe à se rendre en finale et se hissant au deuxième rang des pointeurs.
Les médias présents l’ont d’ailleurs sélectionné parmi les trois meilleurs
avants du tournoi.
Cette excellente performance a impressionné Perfetti, qui s’efforcera d’en
faire autant cette année.
« Dylan était essentiel à notre succès, explique-t-il. C’est lui qui
dominait sur la glace et qui nous a menés vers la victoire. J’espère jouer
le même rôle. »
Toutefois, sa médaille d’or internationale lui a appris qu’aucun joueur ne
peut remporter un championnat tout seul – une autre leçon apprise en
Lettonie qu’il espère pouvoir appliquer dans la quête de l’or du Canada à
Edmonton.
« Pour gagner un championnat, il faut plus que du succès individuel, il
faut que toute l’équipe y mette du sien. Je veux l’or, et je vais faire
tout ce que je peux pour aider mon équipe.
« Ce n’est pas mon premier Mondial junior; je sais que ça prend un effort
collectif. Et quel que soit le rôle que j’occupe, je veux juste en faire le
plus possible pour mon équipe. »
La victoire, surtout à l’international, est enivrante, et Équipe Canada
semble être en mesure de procurer une bonne dose d’euphorie à Perfetti et
Power au Championnat mondial junior 2022 de l’IIHF, sur la glace et
ailleurs. L’or pourrait très bien enjoliver la feuille d’érable, encore une
fois.