Le moins qu’on puisse dire, c’est que le hockey a enseigné à Brett Brochu à
être patient et à ne pas s’énerver face à l’inconnu.
C’est le genre de chose qui est plus facile à dire qu’à faire lorsqu’on
fait face à l’adversité, comme c’est arrivé à ce gardien de but de 19 ans
repêché en sixième ronde (114e au total) par les Knights de
London lors de la sélection prioritaire de l’OHL en 2018.
La saison suivante, il a eu du mal à trouver une équipe qui voulait de lui.
« J’ai fait des essais avec cinq ou six équipes junior B, mais je n’ai
jamais pu me faire une place. J’ai fini par me retrouver dans l’équipe
junior C de Dresden », raconte-t-il.
Malgré cet accident de parcours, Brochu a su voir le bon côté des choses.
Il estime que son passage dans la Provincial Junior Hockey League lui a été
bénéfique, puisqu’il a pu jouer pratiquement tous les matchs des Jr. Kings
de Dresden.
« Je me répétais que je finirais par réaliser mes rêves si je persévérais,
que je travaillais fort et que je suivais bien le processus. Évidemment, ce
n’est pas facile de se faire retrancher aussi souvent, considérant que je
voulais jouer pour les Knights l’année suivante. »
Daren Machesney, l’entraîneur des gardiens de but des Knights, a remarqué
Brochu pour la première fois alors qu’il faisait du dépistage sur la route.
« Son talent nous plaisait. Son gabarit, un peu moins, explique-t-il. À
l’époque, il mesurait environ 5 pi 7 po; c’est petit, pour un gardien de
but. On voulait voir s’il allait grandir un peu. »
Mais chaque fois qu’il voyait Brochu jouer, il était séduit par son talent.
Bien sûr, la poussée de croissance jusqu’à 5 pi 11 po n’a pas nui non plus.
« Il est resté sur notre radar. Plus on le regardait, plus il nous
impressionnait, confie-t-il. Il y avait d’autres noms sur notre tableau,
mais quand Brett les affrontait, c’est lui qui se démarquait. Son nom
n’arrêtait pas de monter vers le sommet de notre liste. Je ne pouvais
laisser passer cette chance. »
Conscient du talent de Brochu, Machesney vantait les mérites de celui qui
allait être le prochain cerbère des Knights.
« Je pense que beaucoup d’équipes s’en veulent de ne pas nous avoir fait
confiance là-dessus. Peu importe pour qui il jouait, il brillait. Il a
toujours bien paru dans toutes ses équipes. Les entraîneurs de son équipe
junior C n’en revenaient pas. Ils nous répétaient sans cesse qu’il était
bien meilleur que ce à quoi ils s’attendaient, et qu’on avait déniché tout
un gardien de but. »
Au début de la saison 2019-2020, Brochu a signé officiellement son contrat
avec les Knights, réalisant ainsi son objectif de jouer à London. Et
qu’a-t-il fait pendant cette saison écourtée par la pandémie? Il a été le
meilleur gardien de but de l’OHL au chapitre de la moyenne de buts alloués
(2,40) et s’est taillé une place dans la première équipe des recrues
étoiles du circuit. Rien de moins.
Il espérait poursuivre sur cette lancée en 2020-2021, mais la COVID-19 a
chamboulé ses plans. Face à l’incertitude et à l’annulation de la saison de
l’OHL, Brochu s’est retrouvé en terrain connu : à la recherche d’une équipe
qui voudrait bien de lui.
« Heureusement, je suis allé au camp de sélection de l’équipe nationale
junior en novembre 2020, ce qui m’a fait connaître de quelques équipes de
la Ligue américaine de hockey, raconte-t-il. Finalement, ça a été positif.
J’ai pu me perfectionner à Wilkes-Barre pendant toute une saison. Mais je
ne peux pas dire que ça a été facile de jouer à peu près pas de matchs sans
savoir ce qui allait se passer. »
Brochu a porté les couleurs des Penguins de Wilkes-Barre le temps d’une
saison. S’il a pu profiter d’une équipe avec qui s’entraîner, en revanche,
il n’a eu qu’un seul départ.
Face à l’adversité, ça peut être facile de se morfondre… mais quand il
repense à cette expérience, il y voit des points positifs.
« Avec le recul, je vois que ça m’a vraiment aidé à m’améliorer. Je crois
sincèrement que tout finit toujours par s’arranger. »
Le jeune joueur originaire de Belle River, en Ontario, a connu un excellent
départ à sa saison 2021-2022, menant l’OHL pour le pourcentage d’arrêts
(0,921) et les victoires (16), et se targuant d’une moyenne de buts alloués
de 2,48 avant le Championnat mondial junior 2022 de l’IIHF de décembre. À
la conclusion de la campagne, il faisait partie des meilleurs cerbères du
circuit pour les victoires (29, à égalité au 3e rang), la
moyenne de buts alloués (2,75, 7e) et le pourcentage d’arrêts
(0,911, à égalité au 3e rang).
Même si sa première présence avec l’équipe nationale junior du Canada a été
de courte durée en raison de la pandémie de COVID-19 en décembre dernier,
il a tout de même bloqué 20 des 22 tirs envoyés en sa direction à ses
débuts sur la scène internationale contre l’Autriche, soit un jour avant
l’annulation du tournoi. Il n’a pas eu le même parcours
que ses coéquipiers d’Équipe Canada, mais n’empêche qu’il a encore
l’honneur d’arborer la feuille d’érable au Championnat mondial junior 2022 de l’IIHF, qui fait un retour à Edmonton.
« Je n’ai jamais vraiment pensé que je me rendrais ici, mais j’y ai
certainement rêvé, explique-t-il. Si je n’avais pas été sélectionné, je
n’aurais pas lâché pour autant – j’ai l’expérience. Mais c’est quand même
un rêve qui devient réalité. »
Machesney a cette même fébrilité. Celui qui n’a que trois ans d’expérience
en tant qu’entraîneur jure qu’il n’oubliera jamais ce moment.
« J’ai eu des moments assez mémorables dans ma vie, comme la naissance de
mes enfants, ce genre de chose. Mais en matière de hockey et
d’entraînement, [la présence de Brochu avec l’équipe nationale junior],
c’est dur à battre, affirme-t-il. C’est un véritable plaisir d’être son
entraîneur. Ce n’est pas juste un excellent gardien de but, c’est aussi un
vrai bon gars. Il donne envie de prendre pour lui. D’après moi, si on lui
donne sa chance, il va impressionner le public et devenir un de ses
chouchous. »
À cette reprise du Mondial junior, Brochu n’a qu’un seul objectif dans sa
mire : décrocher l’or. Mais à plus long terme, il vise déjà la prochaine
étape de sa carrière : jouer dans la Ligue nationale de hockey.
« Je n’ai jamais cru que je ne pouvais atteindre cet objectif, confie-t-il.
J’y pense tous les jours; c’est ça qui me motive.
« Pour le reste de ma vie, je veux être un joueur de hockey professionnel.
»