Les athlètes élites aiment leurs routines : manger, s’entraîner, dormir. Et
à l’approche d’un événement important? Même chose : manger, s’entraîner,
dormir. Ce n’est pas sans rappeler la routine de Wesley Lehoux, sept mois,
et d’Ayanna Larocque, cinq mois : manger, jouer, dormir.
Amis de longue date, coéquipiers et anciens membres des Forces armées
canadiennes, Antoine Lehoux et Dominic Larocque vivent les plaisirs de la
paternité pour la première fois, en même temps. Mais cette semaine, au
Championnat mondial de parahockey 2021 du CIP, ils vivent un autre moment
inédit ensemble : être séparés de leurs bébés.
« Je comprends la situation, mais Wesley, dans sa tête de bébé, il ne
comprend pas ce qui se passe », dit Lehoux. « C’est sûr que ça me fait
quelque chose de savoir qu’il cherche son père, mais avec la technologie
d’aujourd’hui, j’ai de la chance de pouvoir parler avec ma blonde et de
voir mon petit gars tous les jours. »
« Ça m’a pris du temps avant que je me décide d’y aller », avoue Larocque.
« Ça faisait déjà 15 mois que je ne faisais plus tant de hockey, j’étais
tout le temps à la maison. Une nouvelle routine s’est installée, puis on
est devenus à l’aise là-dedans. »
Selon Lehoux, un des aspects positifs de la pandémie de COVID-19 était de
pouvoir être toujours présent, tous les jours, pour Wesley. De même,
Larocque n’avait pas passé plus de quelques heures sans sa fille Ayanna, la
plupart du temps pour s’entraîner avec Lehoux et Anton Jacobs-Webb à
Montréal une fois par semaine.
« Ce n’est pas évident, mais on fait avec ce qu’on a, puis je sais que pour
les autres pays aussi, ce n’est pas une saison habituelle, et ce n’est pas
un tournoi normal non plus », estime Larocque.
Lehoux, originaire de Thetford Mines, au Québec, en est à sa troisième
participation à un championnat mondial, tandis que pour Larocque, qui vient
de Québec, il s’agit de son sixième.
Les deux nouveaux pères remercient leurs partenaires pour leur incroyable
résilience au cours des derniers mois et sont heureux de pouvoir aspirer à
un titre mondial malgré tout ce qui se passe à la maison. Lehoux prétend
même, avec le sourire, que Wesley est entre de bien meilleures mains avec
sa mère, Pamela, que si c’était lui qui était seul avec son enfant.
« Ma blonde savait dans quoi on s’embarquait en ayant un enfant pendant que
je jouais pour l’équipe nationale », soutient Lehoux. « Je suis extrêmement
reconnaissant qu’elle veuille faire ce sacrifice-là avec moi. »
Lehoux décrit Wesley comme un petit garçon curieux et actif, au regard
éveillé depuis le jour de sa naissance. Toujours à tenter de comprendre
comment un jouet fonctionne, à vouloir savoir ce qui se passe autour de
lui, l’enfant déborde de curiosité. Quant à Ayanna, c’est un bébé très
calme qui passe le plus clair de son temps à dormir, aux dires de Larocque.
« Elle se couche vers 19 h après le bain, puis elle ne se lève généralement
pas avant 6 h le lendemain matin », raconte fièrement Larocque, qui sait
combien de parents l’envient.
C’est peut-être la chance qui dicte les habitudes de sommeil d’un bébé,
mais ce sera le travail ardu qui permettra à l’équipe nationale de
parahockey du Canada d’atteindre son objectif de gagner l’or. Équipe Canada
a terminé en deuxième place à la dernière édition du tournoi en 2019, qui a
également eu lieu à Ostrava, en République tchèque. Le tournoi de 2020 a
été annulé en raison de la pandémie.
Par ailleurs, Lehoux et Larocque sont animés d’une motivation
supplémentaire cette fois.
« Maintenant, je ne veux pas juste gagner cette médaille-là pour moi, je
pense que je la dois à mon gars qui, même si c’est inconscient, fait le
sacrifice d’être sans son père pendant tout ce temps-là, puis aussi à ma
blonde », affirme Lehoux. « Je n’ai pas envie de revenir au Québec les
mains vides, ni même avec une médaille d’argent ou de bronze. Les
Canadiens, on vise tout le temps l’or, mais c’est encore plus vrai pour moi
cette année, parce que j’aurais l’impression de laisser tomber ma blonde et
ma famille, qui font ce sacrifice-là avec moi. »
« Tant que tu ne deviens pas toi-même un parent, c’est quelque chose que tu
ne peux pas vivre », ajoute Larocque. « Tu peux comprendre un peu quand les
autres te le racontent, mais quand c’est ton enfant, c’est quelque chose de
complètement différent. »